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Elanor - (Chap. 3)

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CHAPITRE 3 – Ces êtres immortels


- Margaux -

           Nous venions de passer une journée exténuante avec mon amie Serra, car je l’avais invitée à une grande soirée organisée par mes amis les elfes. Nous avions donc toutes deux dû parcourir les boutiques de Brest et dépenser une bonne partie de nos économies dans des robes de soirées. Et oui, il s’agissait d’un gala elfique chic donné en l’honneur des humains qui les avaient accueillis les bras ouverts. Les elfes avaient gentiment proposé de partager leur culture, quelle soit artistique ou gastronomique ! Nous devions par conséquent, être toutes deux sur notre 31.
           La mienne était en soie verte, la couleur préférée de Legolas. Il s’agissait d’une robe moulante avec un décolleté plongeant, orné de dentelle. J’avais aussi acheté une toute petite émeraude en forme de goutte retenue par une chaîne en or blanc. Je voulais impressionner une fois de plus son père, le roi Thranduil qui affectionnait ces pierres précieuses, bien qu’il fût évident qu’il en possédât de bien plus belles.
           Mon amie avait choisi une robe bustier noire. Sa tenue était simple et sobre rien d’extravagant. Pourtant, je savais pertinemment qu’elle possédait de magnifiques boucles d’oreilles en Saphir, mais pour des raisons que je n’arrivais pas à comprendre, elle refusait de les porter.
— Pourquoi n’aimes-tu pas attirer l’attention sur toi ? lui demandai-je. C’était l’occasion de les mettre ce soir !
Comme à son habitude, aucune réponse de sa part…
           Ne viens donc pas te plaindre si personne ne s’intéresse à toi….
           Serra était en train de conduire sa petite voiture rouge jusqu’au château de Trédion où allait se passer la soirée, pendant que j’examinais méticuleusement ma manucure… Nos robes dans le coffre, nous sortions tout juste du salon de coiffure et de l’esthéticienne qui nous avait fait un maquillage très nude, la dernière mode ! Je ne voulais rien de saugrenu, ce n’était pas mon intention de choquer le roi Thranduil.
           J’étais fin prête jusqu’au bout des ongles pour cette soirée. Il ne nous restait plus qu’à nous changer. J’étais heureuse de pouvoir passer du temps avec ma complice car je ne l’avais pas vue la semaine passée. Durant tout le week-end, elle avait fait la fête avec ses amis les nains…
           Des nains… Ils ne valaient pas les elfes ! Elle s’en apercevrait très vite et les laisserait tomber. Nous pourrions ainsi passer plus de temps ensemble !
Son portable se mit à sonner, c’était encore ce Fili. Ce nain commençait sérieusement à m’énerver car que je ne pouvais même plus passer du temps avec ma meilleure amie…
           Elle enclencha le kit mains libres, me faisant profiter par la même occasion de leur conversation. Par politesse (mais pas seulement), je l’avais salué et pris de ses nouvelles. Je voulais qu’il comprenne qu’ils n’étaient pas seuls, que j’étais présente et que j’entendais absolument tout.
           Mais cela ne l’avait pas dérangé, au contraire. Il m’ignora tout comme son frère l’avait fait auparavant et ils poursuivirent tous deux leur causerie…
— Je suis piégée dans cette voiture, condamnée vous écouter papoter… Nous ne sommes même pas à mi-chemin ! m’exclamai-je.
— Quoi ? Je n’ai pas compris… Qu’est-ce que tu racontes Serra ?
— Non là ce n’était pas moi ! C’était juste Margaux qui râlait dans sa barbe !
L’humaine et le nain rirent  tous deux de bon cœur à l’unisson.
— Mais ne tu m’avais pas prévenu que tu lui en avais parlé, pour sa barbe !
— Oh la la, ne dites pas n’importe quoi vous deux,  je n’ai pas de barbe ! C’est du duvet, c’est très mignon ! ripostai-je tout en caressant le tour de mes lèvres. Judas va ! Comment peux-tu raconter ça dans mon dos !
           Après toute cette comédie, j’écoutai vaguement leur conversation… Il parlait de son oncle et de sa mère qu’elle n’avait pas encore rencontrés, d’un poignard qu’il venait de lui forger avec tout le tralala… des écritures naines sur la lame, un manche en ivoire…
— … Dis voir, demain on se rassemble tous dans un bar pas très loin d’ici… Est-ce tu aimerais  m’y accompagner ?...
           Un silence de mort régna dans la voiture. Etait-elle en train d’y réfléchir ? Je m’étais trompée, ce Fili n’avait pas l’air de lui plaire. Qu’elle n’aille pas s’imaginer que j’allais la tirer d’affaire…
— Et bien, tu sais, demain je travaille… Mais tout compte fait, c’est une excellente idée Fili ! Ça permettra à Margaux d’apprendre à mieux vous connaître ! Je vais y aller avec elle !
— Quoi ?! m’écriai-je folle de rage.
           J’avais cette étrange sensation de brûlure au niveau de la tempe, mon estomac se noua. J’étais si énervée par le comportement de mon amie que des larmes commencèrent à perler mes yeux bruns.
— Oh non pas elle ! C’est avec toi que je veux y aller…
— J’entends absolument tout, espèce de crétin !
— Mais j’espère bien ! enchaîna-t-il.
— Ça suffit ! Je t’escorte à ta soirée, alors demain tu m’accompagnes, et tu as intérêt à y mettre de la joie et de la bonne humeur, ou je peux te promettre que tu auras plus d’un coup de pied aux fesses ! Fili, je vais te laisser, on est presque arrivées. On se retrouve dans ce pub dont tu m’as parlé, mais nous ne resterons pas longtemps car nous devrons travailler le lendemain. Passe une bonne soirée.
           Après avoir déconnecté son kit mains libres, elle nous mit une de ses compilations de musique d’adolescente dépressive au bord du suicide…

"Yeah, I wish I'd been, I wish I'd been, a teen, teen idle
Wish I'd been a prom queen, fighting for the title
Instead of being sixteen and burning up a bible
Feeling super, super, super! Suicidal

I wanna drink until I ache
I wanna make a big mistake
I want blood, guts, and angel cake
I'm gonna puke it anyway" *

           Croyez-moi, mieux valait ne pas connaître la traduction des paroles !
— Pourquoi lui as-tu menti ? Il nous reste plus d’une heure de trajet ! lui demandai-je pour ne pas à avoir à entendre cette musique de timbrée…  
           Mais comme à son habitude, aucune réponse. Mon amie était mystérieuse, secrète… Par moments sa sauvagerie me faisait peur… Elle pouvait être une personne d’une grande gentillesse, et plus d’une fois, elle avait été là pour me soutenir… Mais la connaissant, c’était aussi une personne à ne pas se mettre à dos !
           Comment pouvait-elle écouter ce type de musique… ce genre qui vous pousse à vous jeter du haut d’une falaise !
           Pour en revenir à son Fili, je ne l’aimais pas (comme la plupart des autres nains que j’avais pu rencontrer). Je le trouvais malfaisant, avec son air supérieur, ses épaules en arrière, son sourire en coin… Il se comportait… comme un mâle dominant !  
           Un mâle dominant ! Mais il était si petit ! Je ne pus m’empêcher de ricaner tout fort, coupant l’écoute attentive de mon amie.
— Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi tu pouffes comme ça ?
— Est-ce que tu l’aimes ? lui lançai-je avec mes yeux moqueurs.
           Visiblement, elle ne s’attendait pas à ce genre de question. Elle s’était décidée une fois de plus à ne pas me répondre et comme ce silence pesant commençait à me lasser je lui ai donc balancé de plus belle :
— Honnêtement, est-ce que tu l’aimes ? Parce que lui, ça crève les yeux…
— Fili m’aime ? me demanda-t-elle étonnée.
           Ok. Mon amie n’avait pas la moindre expérience avec les garçons, mais tout de même, n’importe qui aurait pu s’en rendre compte ! J’étais à peu près sûre que Kili l’avait remarqué lui aussi, et si ce n’était pas le cas, son frère lui en aurait parlé !
           Je me suis donc contentée d’acquiescer d’un mouvement rapide de la tête.
— Ce n’est qu’un ami à mes yeux et il ne sera jamais rien de plus… Je n’aurais jamais imaginé qu’il puisse éprouver ce genre de sentiment à mon égard… Je lui en parlerai, mais c’est vraiment dommage, je me sentais si bien avec lui… Après ça, il risquera de ne plus m’adresser la parole… N’est-ce pas ?
— Pourquoi ne veux-tu pas essayer de vivre une relation avec ce nain, si tu te sens si bien à ses côtés ? Et ne me dis pas que c’est parce que tu n’es pas amoureuse de lui, cette réponse là est bien trop simple ! balançai-je avant même qu’elle puisse me répondre.
— J’ai vraiment honte de penser cela, mais comme tu l’as dis, c’est un nain… La différence de taille me dérange, avoua-t-elle. Ils sont différents des nains de notre monde, leurs corps sont identiques aux nôtres, mais leurs jambes sont petites… Admettons que je sois avec lui, si j’avais envie de l’embrasser… Je ferais comment ? Et tu me connais, j’ai peur du regard des autres… Si je venais à le tenir par la main dans un lieu public, les pies vont se mettre à jacter !
           Elle détourna son regard de la route pour le reporter sur le mien, et d’un air sérieux, elle me dit :
— N’en parle à personne, d’accord ? Tu gardes ça pour toi surtout !
           Je venais de hocher énergiquement la tête pour la rassurer. Comme si j’allais garder ce secret pour ma petite personne. Ce serait tellement dommage de ne pas en faire profiter Fili.
           Je souriais de satisfaction car je venais de trouver la solution à mon problème et très bientôt, mon amie ne passerait plus tout son temps libre avec ces maudits nains !
— Tu sais, Kili ne te déteste pas… Je me rends bien compte que tu n’as pas envie de les voir parce que tu t’es pris un râteau. Tu as jeté ton dévolu sur quelqu’un d’autre, alors  maintenant tourne la page, fais-moi plaisir s’il te plait. Tu sais, j’aime beaucoup ce peuple… Ils sont tous sympathiques et très joyeux… Ils habitent à quelques mètres de ma maison, et comme tu le sais, je vis toute seule, ma mère n’est quasiment jamais là. C’est un peu comme si j’avais une seconde famille…
           Avec ces quelques mots, elle fit fondre mes tendances manipulatrices. C’était vrai qu’elle vivait seule et je devais bien admettre qu’elle était bien plus épanouie depuis qu’elle passait du temps avec tout ce petit monde !
Je venais de renoncer à mon plan diabolique.  
           Au même moment, elle commença à ralentir la voiture avant de s’arrêter sur le bord d’une petite chaussée à l’entrée d’un bois. Quel endroit glauque pour se déshabiller ! Si elle n’avait pas été une amie, j’aurais pris mes jambes à mon cou et hurlé au violeur !
           J’enfilai rapidement ma robe, de peur qu’une voiture ne passe et que le conducteur puisse voir ma lingerie fine… Celle de Serra n’avait rien de sexy, elle portait une grosse culotte à fleurs roses.
— Non mais je rêve ! Je ne t’avais pas dis de te débarrasser de ces horreurs ? Tu vas rester vierge toute ta vie avec des sous-vêtements pareils !
— Je te hum…. je ne suis pas d’humeur à rigoler. Aide-moi plutôt avec la fermeture Eclair.

- Serra -

           Le hall d’entrée était immense, je n’avais jamais vu de si belles infrastructures. Le sol et les escaliers étaient faits de marbre et sur chacune des marches étaient disposés plusieurs chandeliers, formant ainsi un petit itinéraire menant jusqu’à la salle de réception où se trouvait le buffet.
           Je me penchai sur la rambarde de fer forgé recouverte de feuilles d’or et en bas j’aperçus de nombreuses personnes, des elfes pour la plupart mais il y avait aussi des humains et de bien curieuses petites créatures aux pieds velus !
           Je pouvais voir au loin François Hollande en train de discuter avec Barack Obama. Ils étaient tout deux accompagnés d’un prince saoudien — ou d’une personne importante — ayant revêtu l’habit traditionnel blanc et de plusieurs gardes du corps.
           Je rêvais de pouvoir rencontrer le président des Etats-Unis d’Amérique et de lui serrer la main, comme il s’agissait du premier président noir de ce grand pays ! Son élection historique avait fait reculer encore un peu plus la discrimination envers les gens de couleur.
           Je m’apprêtais alors à descendre les marches pour tenter d’amadouer les gardes du corps  mais Margaux m’attrapa par le bras et me dirigea vers deux femmes, dotées chacune d’une belle chevelure d’or.
— Serra, je te présente le roi Thranduil et son fils, le prince Legolas…
           Oh mon Dieu, vus de dos je les avais pris pour des femmes ! Cette révélation me fit rougir de honte… Tout de même, il fallait bien admettre que ces elfes avaient des allures assez efféminés !  
           Pétrifiée par cette nouvelle, je les observai très attentivement. Le fils avait un visage d’une finesse inouïe… En d’autres temps, il aurait pu passer pour un Dieu. Ses yeux étaient doux et d’un bleu azur, son corps me paraissait aussi frêle qu’une brindille, et ses mains aussi délicates que les miennes.
           A cet instant, je compris pourquoi Margaux avait jeté son dévolu sur lui… Ce regard… c’était la première fois que je croisais les yeux d’un elfe… M’avait-il jeté un sort ?
           Espèce d’idiote, tu es en train de le fixer… Réveille-toi !
Puis j’examinai son père qui était plus grand et plus robuste. Ses yeux bleus plongèrent dans les miens, mais je ne ressentis pas  le même magnétisme qu’avec son fils… Ses prunelles étaient froides et austères, je trouvais cet homme - cet elfe - effrayant et hostile.  
— Pourriez-vous je vous prie aller nous chercher Tauriel ? demanda poliment le roi en adressant à mon amie le sourire le plus fade que j’avais pu voir de toute mon existence.
           Elle s’exécuta rapidement, me laissant seule avec ces deux beaux blonds vénusiens. Ils me scrutaient du regard. Le fils se rapprocha un peu plus près de moi, sa bouche près de mon oreille, j’en eus la chair de poule… Puis il me murmura :
— Alors comme ça, vous êtes la femme aux nains.
           Cette phrase résonna en boucle dans ma tête. La femme aux nains. Pour qui se prenait-il celui-là ?
— Oui, c’est exact. Pourquoi ? Avez-vous un problème avec eux messieurs ? répondis-je tout en m’adressant à son père par la même occasion.
— Nous ne comprenons vraiment pas ce que vous pouvez leur trouver… répliqua le roi sur un ton désinvolte.
— Et moi je ne comprends absolument pas ce que Margaux peut vous trouver, l’interrompis-je.
           Euh, est-ce que je venais vraiment de couper la parole à un roi ? Comme si cela pouvait améliorer la situation, je venais de froncer bêtement mes sourcils.
           Mais tout de même, de quoi se mêlaient-ils ces deux-là ? Ils ne me connaissaient même pas et ils étaient en train de me juger par rapport à mes fréquentations ?
— Oui je les côtoie et je suis fière de les compter parmi mes connaissances, mon cher monsieur ! Car je n’ai jamais rencontré de personnes aussi chaleureuses et pleines de vie ! m’emportai-je contre le roi.
           Oh, et puis merde. Je tournai les talons et les laissai derrière moi. Roi, prince, peu importait, ils m’insupportaient vraiment... Et j’étais allée trop loin, il fallait que je me taise, une personne de mon statut ne pouvait se permettre de leur parler sur ce ton !
           La trouille au ventre d’avoir vociféré contre le roi et son fils, je me rapprochai du barman et je commandai un Sex on the Beach, ce soir j’étais Sam - une fois de plus - et je ne pouvais donc pas me permettre de boire quelque chose de fort. Un verre, pas un de plus.
           J’observai au loin Margaux qui revenait vers eux avec, à son bras, une belle rouquine toute vêtue de vert. Ils me dévisagèrent tous à leur tour… J’espérais qu’elle accepterait toujours de m’accompagner pour la soirée de demain… Je n’avais pas vraiment envie d’y aller seule avec Fili.
           Je me mis à rougir à la simple idée de devoir lui parler. Je mâchouillais énergiquement une des deux pailles de mon cocktail, lorsque j’entendis derrière moi une voix suave…
— Je tenais à venir m’excuser, je ne cherchais pas à vous indisposer…
           Ses beaux yeux bleus m’examinaient de haut en bas. Je me contentai de le scruter à mon tour.
           Le prince avait une odeur bien particulière, il sentait la chaleur, le soleil et le miel… Non mais qu’est-ce que je racontais ? Je contemplai l’aspect de mon verre. Est-ce qu’ils avaient bien respecté la recette traditionnelle du Sex on the beach ? Comment est-ce que l’on pouvait penser des choses pareilles ?
— Êtes-vous toujours consternée ?
— C’est cette rancœur entre vos deux races qui m’afflige… Mes amis n’ont pas voulu m’en expliquer la raison…
           Il s’assit près de moi et posa une de ses mains sur la mienne. Cet elfe était immense par rapport aux petits hommes que je côtoyais ! Le corps de Legolas était grand et frêle, alors que celui de Fili était petit mais musclé… Je me sentis si minuscule que j’avais l’impression d’être une naine par rapport à lui. Pourquoi cette différence de taille ne choque-t-elle pas mon nain ?
           Mon nain… Je poussai loin devant moi mon cocktail. Cette fois, c’en était de trop, je n’avais pourtant bu que quelques gorgées.
— Je pourrais vous l’expliquer, mais je ne vous raconterais la raison des elfes… Je pense que vos amis ont de tout autre motif de nous haïr.
           Il venait de se transformer en un garçon charmant. Il méritait sa chance, je décidai donc de changer de sujet !
— Mis à part ce détail, arrivez-vous à vous plaire dans notre monde ?
Il parut ahuri face à ma question.
— La pollution, le braconnage, la déforestation, la violence que les vôtres exercent… L’inceste, la pédophilie…
— C’est bon, j’ai compris, le coupai-je. Vous savez, nous ne sommes pas tous les mêmes, et heureusement…
— Oui, vous avez l’air d’être différente.
           Ah, bon bah en voilà une bonne nouvelle, je ne ressemble pas un pédophile… Non mais sérieusement, ne chercherait-il pas à me contrarier une seconde fois ?
— Nous ne nous sommes pas beaucoup nourris depuis que nous sommes arrivés dans votre monde… Vos plantes sont… Comment dire… Elles ont une saveur étrange. D’après mon père et les elfes du conseil, ce sont ces produits que vous appliquez sur vos fruits et légumes…
— Oui, je comprends. Je n’ai pas le palais aussi fin que le vôtre, mais cela me dérange de consommer des produits chimiques. J’ai un potager bio. Pour me faire pardonner d’avoir parlé à votre père sur ce ton inapproprié, je vous donnerai volontiers les fruits et légumes de mon jardin. Je pense que vous ne trouverez pas mieux dans le coin !
           Il en fut ravi et me sourit... Je ne pensais pas que les elfes savaient sourire chaleureusement !
— Legolas… j’espère que vous m’avez bien comprise, je ne pourrai nourrir tout votre peuple, je n’ai qu’un tout petit potager…
— Ne vous en faites pas… Mon père va vous apprécier si votre nourriture est aussi pure que vous le prétendez ! Et vous savez, il préfère les femmes de caractère comme vous, alors que Margaux…
— Je vois parfaitement où vous voulez en venir ! admis-je avec un sourire. Mais par moments, je devrais vraiment apprendre à me taire !
           Je les avais mal jugés car selon moi, j’avais beaucoup en commun avec cette race, bien qu’ils fussent une ethnie particulière qui ne ressemblait en rien à la mienne, ou même à celle des nains… Mais j’arrivais à m’identifier à Legolas… Il était discret, réservé, proche de la nature... Cependant, il savait conserver son calme contrairement à moi !
— Cette belle rouquine là-bas, au bras de Margaux, il s’agit bien de Tauriel ?
— C’est exact !
           Plus loin j’aperçus un groupe de cinq elfes, deux hommes et trois femmes. L’une d’elle était d’une grande beauté, sa peau était pâle, elle avait de longs cheveux noirs ondulés et des yeux gris… Elle semblait si mélancolique…
— Et eux, qui sont-ils ?
— A gauche, il s’agit de Galadriel, porteuse de l’anneau Nenya… Si elle l’avait souhaité, elle aurait pu être reine ! Sur sa droite, ce n’est autre que sa fille, Celebrian qui possède la même chevelure d’or que sa mère, et son mari Elrond qui se trouve juste à côté d’elle, il est le porteur de l’anneau Vilya… C’est un seigneur elfe de haut rang ! Les deux autres personnes sont leurs enfants, son fils Elrohir et sa jeune fille Arwen, plus connue sous le nom d’Undômiel… Etoile du soir, tant sa beauté est légendaire…
Il marqua une pause et m’observa, pour s’assurer que j’avais assimilé toutes les informations qu’il venait de me transmettre.
— Il est vrai que c’est une très belle femme, mais elle semble si triste…
— Elrohir a un frère jumeau du nom d’Elladan…. Nous pensons qu’il est resté seul en Terre du Milieu car il est introuvable dans votre monde… Arwen est la plus jeune, elle n’arrive pas encore à dissimuler sa peine… Je vous la présenterai plus tard, durant la soirée, ainsi que Tauriel, je pense que vous devriez bien vous entendre… toutes deux sont aussi téméraires que vous ! s’esclaffa-t-il.
           Il prit mon bras qu’il enroula au sien et m’emmena vers le buffet. Cet elfe ne cessait de m’étonner ! Tout autour de nous, des individus de sa race jouaient une musique aussi douce qu’ils étaient beaux avec des instruments qui m’étaient totalement inconnus !
Arrivés au buffet, il me présenta toutes sortes de pâtisseries, de petits pains elfiques recouvert de substances colorés, probablement une ganache à base de fruit ou de légume.
— Tenez, goûtez-moi ça, du pain elfique ! Des lembas !
           Ses yeux s’étaient illuminés à la simple vue de cette nourriture dont il devait probablement raffoler.
           Je n’avais même pas eu le temps de répondre qu’il avait déjà mis le petit pain dans ma main, soigneusement emballé dans une feuille d’arbre !
           Margaux m’avait prévenue, attention à leur nourriture ! Ces gens étaient végétaliens, ils n’utilisaient aucun produit d’origine animale… Autrement dit, leur gastronomie risquait d’être fade…
— Vous avez l’air d’aimer ce pain, si je ne me trompe ?
           Comme réponse je ne pus obtenir qu’un hochement de tête. J’ouvris la feuille verte et… oui ! Feuille verte !
— Une dernière petite question je vous prie, et je vous jure solennellement de vous laisser tranquille ! Votre nom, ainsi que ceux des autres elfes que vous m’avez présenté, sont en sindarin, votre langue, c’est bien cela ?
— C’est exact.
— Quelle est la signification de votre nom ?
— Vous le savez déjà car votre amie a la langue bien pendue !
           Il en rit de bon cœur et m’emmena dans le jardin du château. Le temps s’était rafraîchi et il faisait très sombre dehors, mais cela ne nous empêcha pas de nous promener et d’observer au loin les bougies qui flottaient sur le lac ainsi que la beauté des fleurs endormies.
           Nous continuâmes à discuter tout au long de la soirée.
           Il me parla de son monde et je lui parlai du mien.


*Teen Idle de Marina and the diamonds
Chapitre 3 de ma fiction sur le Hobbit !
© 2015 - 2024 Serra-Tayanami
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